Séminaires & conférences

Bijou(x). Les pratiques contemporaines à l’épreuve de leur discours

Deux jours de colloque au au Paris College of Art


Février 2014

Colloque international organisé par Brune Boyer, Cécile Bulté, Emmanuel Lacoste et Benjamin Lignel (La Garantie, association pour le bijou)

en partenariat avec Linda Jarvin et Sara Krauskopf (Paris College of Art), Paris College of Art

Imaginé ou fabriqué, exposé ou caché, le bijou contemporain dépasse l’idée d’un objet qui serait forcément précieux, et forcément porté. On a tendance à envisager ce décalage comme le produit de plusieurs pratiques singulières : celle de l’auteur qui le conçoit, celle du geste qui le ré- alise, celle du porteur qui se l’approprie. Pourtant, et parallèlement, l’objet-bijou est saisi par des discours (scientifiques, critiques ou juridiques) qui lui supposent une définition générale. Comment ces multiples pratiques contemporaines et les discours qui les disent s’influencent-elles réciproquement ?

Les gestes que mobilise le bijou, les statuts qui le définissent et les espaces dans lesquels il est exposé le donnent à voir comme objet qui échappe à des déterminismes de formes, de nomenclature et de destination. Le propos du colloque organisé en Février par la garantie, en partenariat avec PCA était d’explorer ces trois modalités d’existence du bijou.

Durant la première session, six interventions (et une table ronde) ont tenté d’articuler ce qui dans le faire est propre au bijou contemporain : qualité et mise en œuvre de gestes ; technicité au amateurisme revendiqué d’un savoir-faire ; appropriation de ces savoir-faire parfois coutumiers dans des pratiques singulières et artistiques. L’enjeu du ‘geste fabricant’ n’est pas seulement technique, il est aussi identitaire.

Les intervenants de la deuxième session ont interrogé les institutions – ministères et écoles – qui encadrent la transmission d’un savoir commun relatifs à un objet juridiquement défini…mais qui par définition chahute constamment les cadres qui le définissent. Si le métier d’orfèvre est réglementé, celui d’artiste l’est beaucoup moins, et les deux n’obéissent pas aux mêmes modalités d’apprentissage et de diffusion.

La dernière session avait pour sujet la question de l’espace. Exposé dans un espace commun, conservé dans un cadre privé ou publié sur la page d’un livre, le bijou traverse autant de lieux qui le donnent à voir différemment, autant de publics dont le regard spécifique l’actualise et le requalifie. C’est là aussi une question spécifique au bijou : plus mobiles que d’autres productions d’arts plastiques, il est aussi plus sensible – voire co-dépendant – aux contextes dans lesquels il se trouve.

L’ambition de la présente publication est de rendre publiques des débâts sur les pratiques artisanales contemporaines dont l’enjeu socio-culturel semblent aller grandissant : le glissement de l’enseignement des pratiques de l’atelier vers l’école, le passage d’une activité de service à une logique d’innovation, la difficile cohabitation entre des cadres juridiques anciens et des pratiques hors-norme…sont des aspects d’une question bien plus vaste : comment ces pratiques et savoirs ‘incorporés’ se taillent-ils une place dans la société d’aujourd’hui ?

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LE GESTE TECHNIQUE

Anne-Françoise Garçon (CRHM, Université Paris 1, Paris)
L’imaginaire et la pensée technique

Patricia Ribault (ESAD, Reims / ENSBA, Paris)
De la production. Maîtrise et déroute.

Michael Petry (MOCA, Londres – UK)
Hands off my art: the art of not making

Brune Boyer-Pellerej (bijoutière-plasticienne / doctorante LESC, Paris Ouest)
De la technique à l’objet : quels gestes à l’œuvre?

Stephen Knott (Journal of Modern Craft / Kingston University, Londres – UK)
Amateurism

Table ronde avec Monika Brugger (orfèvre-plasticienne / ENSA, Limoges), Sophie Hanagarth (orfèvre-plasticienne / HEAR, Strasbourg), Emmanuel Lacoste (artiste-plasticien, Paris)
Forge, broderie et tatouage : le geste coutumier dans une logique de la singularité
Modératrice : Delphine Lesbros (CRAL-EHESS, Paris)

Hugues Jacquet (sociologue)
Singulières singularités du bijou contemporain.
De s’orner ou créer pour paraître à s’orner ou créer pour être.

Présidents de séance:
Matin : André Guillerme (professeur d’histoire des techniques, HT2S-Cnam, Paris)
Après-midi : Marie-Hélène Frémont (directrice générale de l’Institut national des métiers d’arts)

STATUT ET INSTITUTION

Président de séance : Frédéric F. Martin (professeur d’histoire du droit, Univ. de Nantes)

Anne Jourdain (docteure en sociologie, Université de Picardie Jules Verne/CURAPP, Amiens)
Les métiers d’art en France.
Quel statut entre art et artisanat ?

Cécile Michaud (doctorante EHESS, CMH, PRO, Paris)
Ce que fait l’ornement au marché. Pluralisme et conventions sur le marché de la bijouterie fantaisie

Suska Mackert (Akademie der Bildenden Künste, Nuremberg – Allemagne)
Teaching and learning: jewelry as a medium

Table ronde avec Brune Boyer-Pellerej (bijoutière-plasticienne, doctorante LESC, Paris Ouest), Sophie Hanagarth (orfèvre-plasticienne / HEAR, Strasbourg), Patricio Sarmiento (fashion senior coordinator, Paris College of Art), Caroline Lafitte (École Boulle, Paris)
Enseignement et institutions du savoir
Modératrice : Linda Jarvin (Doyenne du Paris College of Art)

ESPACES

Président de séance: Paul-Louis Flandrin (antiquaire-expert, orfèvrerie et Joaillerie, Galerie Paul-Louis Flandrin)

Benjamin Lignel (Art Jewelry Forum, Californie – USA)
Occupation(s) : le bijou contemporain dans ses espaces

Cécile Bulté (Université de Nantes/Centre André Chastel, Paris)
Les espaces de l’ornement à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance

Thomas Golsenne (professeur d’histoire des arts visuels, Ecole Nationale Supérieure d’Art de Nice Villa Arson)
De la séduction. Une hypothèse technologique

Table ronde avec Christan Alandete (Fondation Giacometti et Fondation d’entreprise Ricard, Paris), Frédéric Bodet (conservateur en chef, Cité de la Céramique, Sèvres), Galatée Pestre / Laurence Verdier / Céline Sylvestre (bijoutières, co-commissaires de Précieux Passages, bibliothèque Forney)
Bien vu et mal montré: comment s’expose le bijou contemporain ?
Modérateur : Benjamin Lignel (Art Jewelry Forum, Californie – USA) Table ronde

Table ronde avec Rodolphe Cintorino (artiste-plasticien et performer, Paris), Emmanuel Lacoste (artiste-plasticien, Paris), Lukas Zpira (body hacker, Avignon), Alexandre Keller (artiste-plasticien, Paris)
Le corps : espace de démonstration
Modérateur : Philippe Liotard (Université Claude Bernard Lyon)

A PROPOS DES INTERVENANT-ES :

Brune Boyer (Bijoutière-plasticienne/doctorante LESC, Paris-Ouest)
Bijoutier-plasticienne, Brune Boyer-Pellerej a participé à de nombreuses manifestations en France et à l’étranger. Ses créations sont présentes dans les collections de l’UCAD, du Fnac et de la Fondation Danner à Munich.
En 1991 elle rejoint le groupe Corpus, association de bijoutiers  fondée pour la promotion du bijou contemporain. En 1997 elle crée l’atelier « bijou contemporain », au sein de l’AFEDAP, école de formation professionnelle à Paris, atelier dont elle sera responsable jusqu’en 2009. Depuis 2011 Brune Boyer est la présidente de La Garantie, association pour le bijou .
Récemment, Brune Boyer-Pellerej a entrepris une thèse de doctorat en anthropologie au Laboratoire d’Ethnologie et Sociologie Comparative, Paris Ouest, sous la direction de Sophie Houdart.

Cécile Bulté (Université de Nantes/Centre André Chastel, Paris)
Historienne de l’art, titulaire d’un doctorat d’Histoire de l’art médiéval de l’université Paris IV Sorbonne, Cécile Bulté est attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’université de Nantes. Ses recherches portent sur le décor monumental, les pratiques décoratives chez les laïcs et les modalités de marquage des corps architecturaux et humains dans l’espace urbain de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne. Elle prépare actuellement la publication de sa thèse intitulée « Images dans la ville. Décor monumental et identité urbaine en France à la fin du Moyen Âge », à paraître aux éditions Picard.

Thomas Golsenne (professeur d’histoire des arts visuels, École Nationale Supérieure d’Art de Nice – Villa Arson)
Thomas Golsenne, docteur en histoire de l’art, a écrit sa thèse sur Carlo Crivelli et l’ornementalité au Quattrocento. Il est ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome et ancien professeur aux Beaux-Arts de Paris ; il enseigne actuellement l’histoire des arts visuels à la Villa Arson à Nice. Il a notamment co-publié une nouvelle traduction en français du De Pictura de Leon Battista Alberti (Paris, Seuil, 2004), co-dirigé Adam et l’astragale. Essais d’anthropologie et d’histoire sur les limites de l’humain (Paris, Éd. de la MSH, 2009) et La performance des images (Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 2010), a publié divers articles sur l’ornementalité à la Renaissance ou dans l’art contemporain. Il va publier deux essais monographiques : l’un sur Carlo Crivelli et l’autre sur Pascal Pinaud (parution en 2014) et dirige une unité de recherche sur la Bricologie à la Villa Arson.

André Guillerme (professeur au Conservatoire national des arts et métiers)
Ingénieur génie civil, médiéviste, historien urbain et des techniques dans leur environnement, André Guillerme a présidé le Société française d’histoires des sciences et des techniques (SFHST) de 1987 à 1995, il a dirigé le Centre d’Histoire des Techniques et de l’Environnement (CDHTE) de 1997 à 2012 et il a été titulaire de la Chaire UNESCO « Mémoire des métiers vivants » de 2008 à 2013. Il est également membre du laboratoire HT2S du Cnam.
Il a publié de nombreux ouvrages. Citons : Les Temps De L’eau : La Cité, L’eau et Les Techniques : Nord De La France, Fin IIIe – Dèbut XIXe Siècle.  Seyssel: Champ Vallon, 1983 ; 4è éd. 2010 – Prix Louis Bouvier de la Société des Antiquités Nationales ; Bâtir La Ville. Révolutions industrielles dans les matériaux de construction : France-Grande-Bretagne (1760-1840), Seyssel : Champ vallon, 1995. –Prix Carnegie-Mellon ; La Naissance de L’industrie à Paris Entre Sueurs et Vapeurs, 1780-1830.  Seyssel Champ Vallon, 2007. – Prix d’histoire des sciences et d’épistémologie de l’Académie des Sciences 2010.
Il a édité plusieurs ouvrages en collaboration, notamment avec R. CARVAIS, V. NÈGRE, J. SAKAROVITCH, Édifices et artifices, ; Histoire francophone de la construction, Paris, Picard, 2010 et Nuts and Bolds ; culture and technique, IVth International Congress of Construction history, Paris 2012, ed. Picard . 3 Vol.

Hugues Jacquet (Sociologue)
Sociologue, titulaire d’un Master en Science politique, en Histoire de l’art et en Développement durable et responsabilité des organisations après avoir été diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Grenoble, Hugues Jacquet travaille sur la mise en lumière des liens qu’entretiennent la main et la pensée tant en France qu’à l’étranger notamment en Asie du sud. Il est l’auteur, entre autres, de « L’intelligence de la main », L’Harmattan, Paris, 2012.

Stephen Knott (Journal of Modern Craft/Kingston University, Londres)
Stephen Knott was the third holder of the AHRC-funded ‘Modern Craft: History, Theory and Practice’ Collaborative Doctoral Award at the Royal College of Art/Victoria & Albert Museum. His PhD, ‘Amateur craft as a differential practice’, explores the historical evidence and theoretical richness of this marginalised phenomenon and is currently being converted into a book to be published by Bloomsbury. He has written articles on railway modeling and the producing consumer (‘prosumer’) for Design and Culture and contributed an essay on paint-by-number kits to the edited volume entitled Surface Tensions (Manchester University Press, forthcoming), as well as an essay for Collaborations Through Craft (Bloomsbury, 2013). Stephen was the Founder Post-doctoral Fellow in Modern Craft at the Crafts Study Centre, Farnham and teaches at Kingston University, Camberwell College of Art and the Royal College of Art. He also is the Managing Editor for the Journal of Modern Craft (Bloomsbury).

Anne Jourdain (docteure en sociologie, Université de Picardie-Jules Verne/CURAPP, Amiens)
Docteure en sociologie, Anne Jourdain a soutenu le 3 décembre 2012 une thèse intitulée « Les artisans d’art en France. Éthiques et marchés » à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens. Diplômée de l’École Normale Supérieure de Cachan et agrégée de sciences économiques et sociales, elle est aujourd’hui attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université Paris-Est Créteil.

Suska Mackert (Akademie der Bildenden Künste, Nuremberg)
Suska Mackert, is trained as a goldsmith at the Staatliche Berufsfachschule für Glas und Schmuck in Neugablonz/DE and studied within the jewelry department at the Gerrit Rietveld Academie in Amsterdam, NL. She completed her Masters studies at the Sandberg Instituut in 2000. She has shown her work internationally since 1998 and maintained a diverse list of activities—including being active on boards and juries for major awards, regular museum and gallery. She is a professor, traveling lecturer, and professional artist.
As an artist, her work revolves around various considerations and investigations of jewelry. For the most part, her work consists of the artistic transposition and application of these thoughts and reflections. In 2010 she was named the head of the jewelry department ‘Het Sieraad’ of the Gerrit Rietveld Academie, Amsterdam/NL. Since 2013 she lives and works in Nürnberg, having been appointed as professor at the Akademie der Bildenden Künste, Klasse für freie Kunst / Gold-und Silberschmiede, Nürnberg.

Cécile Michaud (doctorante à l’EHESS, CMH, PRO, Paris)
Cécile Michaud est doctorante à l’EHESS et rattachée au CMH (Centre Maurice Halbwachs), ma thèse porte sur la construction des marchés de la bijouterie fantaisie. J’étudie par exemple la professionnalisation des  bijoutiers de fantaisie, la segmentation professionnelle à l’œuvre dans la création, la fabrication et la commercialisation des objets, ou encore les modes de relations professionnelles.

Benjamin Lignel (Art Jewelry Forum, Californie)
Benjamin Lignel est designer, enseignant, théoricien. Après des études de lettres et d’histoire de l’art à New York, il a suivi le cursus de design au Royal college of Art à Londres dont il a obtenu le diplôme en 1995. Il œuvre pour la reconnaissance du bijou contemporain, encourageant le renouvellement de ses codes formels en s’intéressant en premier lieu à sa fonction et ses contextes d’usages. Co-fondateur de La garantie, association pour le bijou, il a été co-commissaire de l’exposition Also known as jewellery qui a circulé dans sept villes à travers le monde (2009-2011). Il a collaboré à la programmation du 44e symposium de Zimmerhof en Allemagne (2012). Membre du think tank, A European initiative for applied art entre 2009 et 2013, il est actuellement éditeur du Art jewellery forum.

Patricia Ribault (ESAD, Reims/ENSBA, Paris)
Patricia Ribault est diplomée de l’École nationale supérieure d’art appliqués et des métiers d’art de Paris (ENSAAMA) et auteur d’une thèse de doctorat sur l’ontologie du geste titulaire d’un doctorat en Arts et Sciences de l’art de l’université Paris 1 (2009). Elle est actuellement responsable de la recherche à l’École supérieure d’art et de design (ESAD) de Reims et chargée de cours au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) dans le cadre de la Chaire UNESCO de mémoire des métiers vivants.